dimanche 31 août 2014

Rentrée des classes

Elle est touchante, la jolie Najat Vallaud-Belkacem, avec ses beaux yeux remplis de larmes, elle est touchante quand elle remercie l'école de la République qui lui a permis, à elle, la fille d'immigrés, de devenir ministre.

Et on est bien contents qu'elle ait accompli ses ambitions.

Mais on préférerait que l'école de la République, au lieu de proposer comme destin ultime aux ambitieux de tout poil, quelle que soit leur origine, une carrière politique qui sollicitera surtout leur sens des réalités, comme on entend beaucoup dire en ce moment, que l'école de la République, donc, permette à chaque futur citoyen qui fréquente ses bancs de vivre une vie pleine et heureuse (je sais, c'est utopique, mais j'avoue que je commence à en avoir largement soupé, de la real politik, ces temps-ci) et qu'elle produise une classe politique qui s'occupe un peu plus du bien public et un peu moins de faire fructifier ses petites affaires.

Que cette école cesse d'être une machine à exclure et à trier, à casser et à sélectionner, tout ça pour pondre des élites aspirant surtout à reproduire les «valeurs» bourgeoises, que ce soit pour perpétuer un modèle qui a largement fait ses preuves depuis sa mise en place au 18e siècle, ou s'approprier ces «valeurs», pour « en être » enfin, afin de s'extraire de leur milieu d'origine, que ces distinguées valeurs bourgeoises leur renvoient à la gueule comme honteux et boueux. Des élites imbues d'elles-mêmes et coulées dans le même moule, comme si c'était une vraie chance pour tout le monde que les soi-disant plus intelligents des Français sachent surtout à peu près porter le foulard Hermès, avaler des couleuvres et raconter des bobards sans trop rougir.