lundi 7 octobre 2013

Circulez, y'a rien à voir !

Vous avez remarqué, certains films ou livres contemporains se passent dans un milieu présenté comme neutre, comme si les personnages vivaient dans un bocal et n'étaient absolument pas concernés par les données économiques (genre les trucs triviaux et un peu sales comme revenu moyen du ménage, patrimoine culturel ou financier).
On est bien d'accord, on n'a pas envie d'entendre vrombir la Mobylette d'Arlette dès qu'on ouvre un livre ou qu'on pose son cul dans une salle obscure, mais tout de même...
Vivons-nous l'âge d'or ? Est-ce totalement la même chose d'être riche ou pauvre ? Vit-on la même réalité ?
J'adore aussi les gens qui me reprochent, lorsque je fais ce genre de remarque (car il m'arrive de prendre un plaisir pervers à mettre les pieds dans le plat et à installer des ambiances pourries), de parler d'argent.
Parler d'argent, mais vous n'y pensez pas, c'est dégoûtant, c'est caca ! Croyez-vous que la littérature ou le cinéma soient là pour faire de la politique ?
Il faut donc accepter comme normal que la plupart des films et des livres, écrits la plupart du temps par des gens issus des classes dominantes, nous concassent avec les heurs et malheurs de gens issus de ces mêmes classes dominantes.
Et surtout accepter comme allant de soi que cela ne relève pas de la politique mais d'un état de fait normal et juste.
S'il arrive qu'un film aborde la vie des pauvres ou des prolos, cette singularité sera tout de suite mise en avant, comme si c'était tellement inhabituel qu'il faille le signaler. Alors qu'on ne se croira pas obligé de signaler systématiquement pour chaque film ou chaque livre le milieu social dans lequel l'intrigue est située si ce milieu est la bourgeoisie.

En plus, les films ou les livres qui parlent des pauvres ont une tendance sordide à parler de pauvreté et de manque d'argent. C'est tout de même quelque chose, ce manque de dignité et ce besoin de gratter ses croûtes, c'est vraiment nécessaire de nous écoeurer avec tout ça ? Et puis, franchement, tout cela est très exagéré : à l'heure actuelle, tout le monde a les mêmes chances.
Les mêmes chances de quoi, on ne sait pas trop exactement.
Les aigris ratés miteux devraient comprendre qu'il faut qu'ils se taisent. Comment ça, ça risque de les aigrir encore plus ?