mardi 31 décembre 2013

Une dernière pour la route

Dans Télérama, ils aiment les projets qui rassemblent la société française déchirée et encouragent Le Seuil, qui lance une collection qui « donne la parole aux oubliés et aux invisibles ». 

Raconter la vie, la filiale du Seuil qui gère ce magnifique concept, embauche donc un(e) stagiaire titulaire d'une licence ou d'un master, qui doit avoir déjà effectué un stage. Salaire : 450 euros/mois (prime envisageable). 

Allez, on se précipite, il n'y en aura pas pour tout le monde !

Bonne fin d'année ! 

Merci au Seuil et à Télérama de clore cette année en beauté, ça fait du bien de rire, vraiment !

vendredi 20 décembre 2013

Le cours des choses

Je viens de lire cet article énervé, paru sur le site Paye ton précaire, il y a déjà un peu de temps.
 
J'avais une vague colère qui traînait, je ne me souvenais plus trop pourquoi et puis je me suis rappelé.
 
Hier soir, j'ai fait un truc que je ne fais plus depuis longtemps, j'ai jeté un œil sur Le Grand Journal, l'émission animée par de Caunes sur Canal +.
 
Une séquence bien pénible avec exhibition de chômeur au bout du rouleau qui promet qu'il va dormir dans sa voiture le soir de Noël. Mines compatissantes des animateurs et forte impression qu'on nous prend pour des cons.
 
Je redoute autant les mines compatissantes des dames patronnesses qui œuvrent au sein des diverses associations caritatives, humanitaires, sociales, tellement bien décrites par Orwell dans son Down and Out in Paris and London (je l'ai lu en anglais, ouaip).
 
J'ai zappé, bien écœurée, on ne m'y reprendra pas de sitôt.
 
Entendu ce matin très tôt à la radio le programme concocté par l'UMP, qui compte bien reprendre les clés de la caisse, à base de chômeurs feignants, assistanat et autre travail forcé...
 
Repensé à un certain nombre de discussions que j'ai eues récemment avec des gens qui travaillent, avec toute la gamme des « C'est comme ça, on ne peut pas faire autrement »,
« Il faut s'adapter  », « J'ai toujours anticipé » (sous-entendu, tu devrais y mettre un peu du tien) et la lassitude des ceux qui trouvent que le monde n'est pas si mal fait finalement et qu'il y en a marre de tous ces gens négatifs.
 
Comme j'ai mauvais fond, il m'arrive de répondre « Non » quand on me demande si ça va, et même de développer un peu, bien consciente que j'emmerde copieusement mon interlocuteur. Il s'agissait d'une question rhétorique, personne n'a envie de fréquenter une précaire mariée à un cancéreux précaire, encore un coup à se filer le bourdon, merci bien.
 
Du coup, je ne fréquente plus grand-monde en ce moment, il vaut mieux être seule que mal accompagnée.
 
Je cherche d'autres connexions, plus proches de mes préoccupations, des gens qui n'ont pas peur de regarder la réalité en face et qui refusent de laisser le cours des choses suivre son cours.

dimanche 8 décembre 2013

Nous ne voulons pas vivre comme des esclaves !

J'ai donc acheté Alternatives internationales, et je suis en train de le lire (c'est touffu).
 
Je me suis bien évidemment ruée sur les articles annoncés par une belle accroche en couverture et qui concernent les précaires. Précarité galopante dans l'édition et la communication, entre autres, secteurs pourtant pas vraiment réputés pour crever famine.
 
C'est bête, mais je me sens un peu moins seule. A force de me faire regarder dans les trous de nez comme une bête curieuse feignante et maladroite à tout bout de champ, faire partie d'une cohorte statistique, ça me rassure. Tandis que ce qui les rassure, les crapahuteurs de fosses nasales, c'est que je n'ai que ce que je mérite et que ça ne risque pas de leur arriver.
 
Au passage, il fut un temps où je fréquentais Categorynet, forum des correcteurs et des professionnels de la communication écrite. Les personnes qui tenaient en main ce forum (en général affiliées aux principaux syndicats) avaient une seule solution : il ne fallait pas accepter des boulots mal payés. Il y en avait même une qui conseillait à tour de bras de plutôt aller faire des heures de ménage...
 
Alors que la précarité gagnait du terrain de façon alarmante, il n'y a jamais eu d'appel à la grève ou de mouvement général pour protester contre cet état de fait. Ces syndicats ont fermé les yeux sur les CDD en rafale, les formules de rémunération fantaisistes (droits d'auteur et tout ce qui permet de ne pas payer de charges), les incitations à devenir auto-entrepreneur, renvoyant les petites mains de l'édition à la solitude de leurs chambrettes, tout en leur reprochant de ne pas se syndiquer.
 
Sinon, cet après-midi, je suis allée à la manifestation organisée par les associations de chômeurs et de précaires. Un jeune homme rageur a traversé notre petit groupe de quinquas et sexagénaires hérissé de drapeaux en râlant qu'on ferait mieux d'aller bosser.
 
Dans le défilé, des jeunes gens connaissaient toutes les paroles de l'Internationale. Au débouché du cours Aristide Briand, ils chantaient quand nous sommes arrivés place de la Victoire. Un groupe du PCF avec plein de drapeaux attendait en silence (un hommage était prévu pour Mandela), pas un n'a repris la chanson, c'est là qu'on se rend compte qu'il y a de vrais clivages à gauche.

jeudi 28 novembre 2013

860 euros

Les 21 millions que devait toucher Varin (et qu'il ne touchera finalement pas), ça représentait 860 euros par jour, pas loin de la somme mensuelle allouée aux vieux pour leur survie.
 
J'aimerais qu'on m'explique deux choses :
 
1/ Comment on fait pour vivre avec 860 euros par mois ?
 
2/ Comment on fait pour dépenser 860 euros par jour ?

mardi 26 novembre 2013

Tout fout le camp...

La scène se passe à la porte d'une usine.

Ils viennent de se faire licencier, ils veulent informer de leur malheur leurs collègues des autres usines et les inciter à se mettre en grève pour les soutenir.

Ils se font recevoir comme des malpropres: « Quand on est au chômage, on cherche du boulot et on ne vient pas foutre le bordel », leur répondent leurs collègues ouvriers, bougons.

Oublieux qu'ils seront certainement les prochains sur la liste des impétrants à Pôle Emploi. Ou le sachant trop bien et voulant montrer à qui de droit ce qu'ils valent afin d'échapper si possible au sort de leurs collègues.
 
C'est la société tout entière qui fonctionne sur ce schéma du chacun pour sa gueule et qui prône l'élimination du « maillon faible » (en l'occurrence le collègue qui se trouve dans la mauvaise usine au moment où passe le cost killer).

Du coup, j'ai cherché « contrat social » sur Internet et j'ai découvert une entrée sur Wikipédia
 
Et aussi qu'il existe évidemment un site Wikiberal, qui explique bien en quoi les libéraux et les libertariens sont opposés au concept de contrat social.
 
Je vous laisse trouver ça tout seuls, je ne vais certainement pas faire de la pub ici pour des idées qui me navrent grandement, surtout quand je vois qu'elles ont contaminés ceux-là mêmes qu'elles sont censées réduire au silence et à l'asservissement.
 
Vous me direz, l'ouvrier ne va pas si loin, il regarde TF1 ou la TNT pour se distraire.

Il a bien tort, l'ouvrier, parce que tant qu'il sera bête à manger du foin, on le prendra pour une bête de somme.


 

lundi 25 novembre 2013

Au chat qui ne fume plus

J'ai arrêté de fumer depuis trois mois sans trop de mal après un passage par les cigarettes roulées (et leur gestuelle un peu Calamity Jane). 

La cigarette qui me manque vraiment, c'est celle du cœur de la nuit, quand je me relève parce que je n'arrive pas à dormir et que ça ne sert à rien de rester à grincer des dents entre les draps, que j'allume la belle lampe offerte par Fred sur le bureau et que je me laisse aller à mes sales manies en dépit des menaces du réveil. La clope transgressive par excellence.

mercredi 20 novembre 2013

L'argent du beurre et le cul du mineur

Gabriel Matzneff, grand écrivain et génie autoproclamé (les meilleurs), vient de recevoir le prix Renaudot essais.
 
C'est effarant comme ces gens qui revendiquent par ailleurs une liberté complète  (dans ce cas précis, celle de copuler à tout va avec des mineurs des deux sexes) au nom de leur supériorité intellectuelle et spirituelle (je veux dire, ce ne sont pas des gros blaireaux de base, leur dépravation est chic, élitiste, incomprise du bas peuple moralisateur qui pousse des hauts cris et condamne la pédophilie), c'est effarant donc, comme ils aiment les décorations, les hochets et les prix.
 
Le beurre, l'argent du beurre et le cul du mineur, ils veulent tout !

vendredi 15 novembre 2013

Les bonnes femmes, c'est râleries et compagnie !

Y'a pas que moi que ça dérange, de voir et d'entendre le FN à toutes les sauces, selon l'adage  de pub bien connu, amplement mis à profit par Sarkozy en son temps, peu importe qu'on parle mal ou bien d'un produit, du moment qu'on en parle.
 
Virginie Despentes aussi, ça l'agace, et elle n'y va pas par quatre chemins.

lundi 11 novembre 2013

En rouge et blanc, je ferai chier les gens...

Après une petite promenade en centre ville, une grosse envie de taper dans le tas...

EDIT : Je me rends compte que j'ai oublié d'indiquer j'ai trouvé l'affiche ci-dessus.

dimanche 10 novembre 2013

Une série avec un rouquin

Louie CK, il déchire ! !

Ca passe sur le câble en ce moment, faites-vous du bien !

Une petite dédicace en passant à Tristan

mardi 5 novembre 2013

Tristus et Rigolus

Les manifestations en Bretagne, qui agglutinent et amalgament sous le même bonnet les patrons d'une industrie polluante et subventionnée et les ouvriers candidats au TMS (trouble musculo-squelettique qu'on chope à force de répéter le plus vite possible le même geste afin de rentabiliser au maximum son temps de travail en tenue de Schtroumpf), j'en suis restée un peu baba, le sentiment qu'un autre monde était en train d'advenir sous mes yeux éberlués. 

Les bonnets rouges, c'est gai et seyant.
 Je crois que je suis vraiment en train de virer vieille conne, le monde d'aujourd'hui me dépasse de plus en plus. Je veux dire avant, on n'en voyait pas tant que ça, des patrons en 4 x 4 dans les manifs, et on aurait certainement éclaté de rire si on nous avait dit que les ouvriers seraient avec eux, et avec des bonnets rouges, encore !

J'ai fini par trouver ça, d'un qui partage ma surprise (pour pas dire plus).


samedi 2 novembre 2013

La naïveté, un concept qui commence à me courir sévère

Ce matin, le nez dans l'oreiller, j'ai supporté vaillamment une édition de plus de l'émission de cinéma de France Inter. C'est la dernière fois. Christine Masson évoquait un film que je n'ai pas vu (je préfère préciser). C'est donc un film qui se passe après une apocalypse, les survivants se sont regroupés dans un train. Le wagon de tête contient les riches et le wagon de queue le lumpen prolétariat. Révolte façon Spartacus.

Masson trouve le film d'une grande beauté formelle mais regimbe devant l'intolérable naïveté du propos et de la lutte des classes en général.

C'est en effet d'une naïveté sans nom de dire les choses suivantes :
  • Une ou des classes dirigeantes monopolisent la plupart des richesses.
  • L'éducation et l'organisation de la société concourent  à maintenir en place ces classes dirigeantes sous couvert d'un contrat social dont tout le monde bénéficierait.
  • Plus ça va, plus les riches s'enrichissent, et plus les pauvres s'appauvrissent.
  • Non seulement les riches voudraient que les pauvres bossent comme les esclaves qu'ils sont destinés de tout temps à devenir, mais aussi qu'ils disparaissent totalement de l'espace public et médiatique.

  • Tout le monde a les mêmes chances (ah oui, non, oups, celle-là, c'est vrai, ce n'est pas naïf, c'est tellement vrai).

Autre remarque totalement non idéologique dont le duo a le secret. C'était il y a quelque temps. Il s'agissait cette fois de Alabama Monroe, un film du réalisateur de La Merditude des choses. Delmas a sabordé le film en s'indignant : « Non mais ho, comment, quoi, c'est quoi ce film qui nous inflige de regarder quelqu'un regarder la télé comme un zombie ? On ne veut pas voir ça, ouste, du balai ! »

Ce qui est fort là-dedans, c'est la propension de ces gens à s'imaginer que leur blabla est tellement légitime. Sur sa page sur le site de France Inter, l'émission se décrit elle-même comme « prescripteur ».
 
Imaginez que lors d'une émission de radio nationale, vous dézinguez un film au prétexte que vous ne souhaitez pas voir pour la millième fois comment fonctionnent la psyché et la libido des gens des beaux quartiers ou comment vivent les familles bourgeoises françaises, vous allez voir ce que vous allez vous prendre dans le nez comme suspicion d'extrémisme idéologique et d'intolérance...
 

lundi 14 octobre 2013

Les précaires et les chômeurs, ils devraient déjà être contents de travailler pour moins de 5 euros de l'heure

Une petite vidéo bien éclairante sur une arnaque comme une autre du monde du travail, avec son lot de discours lénifiants et de grumeaux qui collent aux dents. Enjoy !

Si vous connaissez des gens qui ont travaillé dans le secteur de la distribution de prospectus tellement ils étaient tenaillés par l'envie de travailler pour des clopinettes, le film contient des infos intéressantes qui devraient leur permettre de faire requalifier leur CDD en CDI (le contrat par défaut selon le Code du travail).

mercredi 9 octobre 2013

Qu'ils mangent de la brioche !

Ce soir, un prof d'économie à Polytechnique qui défend sur le plateau de 28 minutes les contrats zéro heure anglais, parce que tout vaut mieux que le chômage.
 
Finalement, rester disponible tout le temps, sans garantie aucune qu'on aura un nombre d'heures suffisant pour boucler ses fins de mois, ça lui paraît plutôt pas mal, à ce monsieur dont on doute fortement qu'il ait jamais éprouvé les affres du manque.

En Angleterre, ces contrats concernent aussi l'enseignement, alors on espère que ce monsieur pourra rapidement tester pour lui-même ce qu'il prône pour les autres avec tant de conviction.

Un de ses voisins de plateau réclame lui plus de coercition à l'encontre des chômeurs.

Moralité, pour sortir du chômage, il faut :
  • forcer les chômeurs à travailler (ça serait sans doute pas mal d'arrêter de supprimer plein d'emplois, du coup, non ?)
  • précariser de plus en plus de monde
Parce que maintenant, le principal, c'est que tout le monde soit au travail, peu importent les conditions. 

Fini de faire la fine bouche et de se gaver comme des porcs, il faut se rendre à l'évidence, la situation est vraiment grave et réclame des sacrifices et des efforts.

Comment ça, c'est tout le temps les mêmes qu'on admoneste et qu'on sermonne ? Tout le temps les mêmes qu'on accuse d'être responsables du déclin et des mille malheurs de la France, qu'on envoie au charbon, au front et au casse-pipe, à qui on réclame de la sueur et des larmes, à qui on explique qu'ils sont entièrement reponsables de leur situation de merde, laquelle est par ailleurs tout à fait normale et juste.

Au passage, le prof de Polytechnique avait l'air de ne pas du tout être au courant que le chômage concerne aussi des jeunes gens fort diplômés. Tant que le chômage de masse ne touchera pas les étudiants qui sortent des grandes écoles...

mardi 8 octobre 2013

Éloge de la moule accrochée à son rocher

Ça m'arrive de fréquenter des gens qui ne galèrent pas, qui ont des bons jobs et des payes correctes.

Ce sont des bosseurs. Ils ont vu le vent tourner, ils ont toujours su anticiper. Ils ont une épargne et ils en causent avec gourmandise. Ils savent exactement combien ils toucheront lorsqu'ils seront à la retraite. Ils aiment bien te rappeler en passant avec un petit sourire en coin que tu ne pourras pas profiter de ton épargne. Tu le sais, merci, il se trouve que ça n'a jamais été ton but premier dans la vie.
 
Ça te choque quand même un peu qu'ils semblent prendre tant de plaisir à ta future misère. Ils doivent se réciter La Cigale et la Fourmi tous les soirs, comme d'autres consultent des sites pornos sur Internet, et prendre leur pied. Il faut des compensations dans la vie.

Ils ne sont pas tous de droite. Ils trouvent tout à fait normal que des personnes convenablement éduquées et formées connaissent une précarité galopante, on n'avait qu'à faire comme tous les gens raisonnables : s'accrocher à nos boulots, encaisser, subir et devenir fonctionnaires, c'est tout ! Si on est pauvres, c'est qu'on le mérite, comme les prolos, comme tous les va-nu-pieds, les crevards, les pas-grand-chose.
 
Issus de familles qui ont toujours respecté l'ordre établi et marché droit, ils sont heureux de toucher enfin les dividendes des comportements exemplaires et prudents des générations qui les ont précédés.
 
Certains se prennent pour des pédagogues et des lumières et nous expliquent que l'avenir de notre fille dépend de ses performances mathématiques.
 
On est tellement cons, en plus d'être précaires et pauvres, qu'on n'est pas au courant qu'on vit dans un pays qui voudrait bien balancer aux oubliettes tous les apprentissages inutiles qui attirent les parasites et les asociaux : lettres, histoire, philosophie, sociologie, etc.
 
Les maths, c'est clair et net, c'est fiable comme un algorithme mouliné par des machines molles, c'est l'alpha et l'oméga d'une humanité hygiénique enfin débarassée de ses interrogations superfétatoires et obsolètes.
 
C'est l'outil de sélection ultime d'une main-d'oeuvre évaluée et consentante, obéissante et sans états d'âme, confiante dans la bienveillance de ses chefs, rétive au bizarre et attachée à la permanence des choses de sa vie.
 
Quel que soit le prix à payer pour que le nouvel ordre mondial, qui saccage tant de vies, ne trouble pas son petit confort, n'entame pas ses certitudes et n'obère pas ses privilèges.

lundi 7 octobre 2013

Équanimité, indifférence, insensibilité

Hier soir, enfin ce matin très tôt, après avoir écrit ça, je lis un peu avant de m'endormir. Ça s'appelle Remonter la Marne, c'est ma belle-mère qui me l'a prêté, je continue à le lire mais je me demande parfois pourquoi, peut-être parce que je me dis que ce n'est pas possible, que le gars va finir par se rendre compte.

Je vous livre ce que j'ai lu page 160 :

« Je ne refuse pas de voir les disgrâces de la France marnaise, ni même de les raconter, mais à quoi bon s'attarder sur cette partie si voyante et trop souvent décrite ? Une certaine dose d'insensibilité et même d'indifférence est nécessaire. 

Marcel Duchamp, à qui l'on demandait : 
« Pourquoi êtes-vous pour l'indifférence ? », 
avait répondu : 
« Parce que je hais la haine. » 

La haine anime ceux qui se plaisent à décrire la France comme une entreprise en liquidation. Ils se délectent de cette veillée funèbre, de l'attente de la catastrophe. Dans cet élan destructeur se mélangent la rancoeur, le reniement de soi, le plaisir trouble qu'engendre le refus de connaître et de comprendre. 

Dommage que l'équanimité, qualité d'une âme détachée, à l'humeur égale, ait pratiquement disparu du vocabulaire. »

Coluche le présentait autrement : « Dites-nous de quoi vous avez besoin, on vous expliquera comment vous en passer. » 

Et si vous pouviez faire moins de bruit et être moins voyants, histoire de ne pas troubler notre ascèse philosophique, ça serait parfait.

Circulez, y'a rien à voir !

Vous avez remarqué, certains films ou livres contemporains se passent dans un milieu présenté comme neutre, comme si les personnages vivaient dans un bocal et n'étaient absolument pas concernés par les données économiques (genre les trucs triviaux et un peu sales comme revenu moyen du ménage, patrimoine culturel ou financier).
On est bien d'accord, on n'a pas envie d'entendre vrombir la Mobylette d'Arlette dès qu'on ouvre un livre ou qu'on pose son cul dans une salle obscure, mais tout de même...
Vivons-nous l'âge d'or ? Est-ce totalement la même chose d'être riche ou pauvre ? Vit-on la même réalité ?
J'adore aussi les gens qui me reprochent, lorsque je fais ce genre de remarque (car il m'arrive de prendre un plaisir pervers à mettre les pieds dans le plat et à installer des ambiances pourries), de parler d'argent.
Parler d'argent, mais vous n'y pensez pas, c'est dégoûtant, c'est caca ! Croyez-vous que la littérature ou le cinéma soient là pour faire de la politique ?
Il faut donc accepter comme normal que la plupart des films et des livres, écrits la plupart du temps par des gens issus des classes dominantes, nous concassent avec les heurs et malheurs de gens issus de ces mêmes classes dominantes.
Et surtout accepter comme allant de soi que cela ne relève pas de la politique mais d'un état de fait normal et juste.
S'il arrive qu'un film aborde la vie des pauvres ou des prolos, cette singularité sera tout de suite mise en avant, comme si c'était tellement inhabituel qu'il faille le signaler. Alors qu'on ne se croira pas obligé de signaler systématiquement pour chaque film ou chaque livre le milieu social dans lequel l'intrigue est située si ce milieu est la bourgeoisie.

En plus, les films ou les livres qui parlent des pauvres ont une tendance sordide à parler de pauvreté et de manque d'argent. C'est tout de même quelque chose, ce manque de dignité et ce besoin de gratter ses croûtes, c'est vraiment nécessaire de nous écoeurer avec tout ça ? Et puis, franchement, tout cela est très exagéré : à l'heure actuelle, tout le monde a les mêmes chances.
Les mêmes chances de quoi, on ne sait pas trop exactement.
Les aigris ratés miteux devraient comprendre qu'il faut qu'ils se taisent. Comment ça, ça risque de les aigrir encore plus ?

vendredi 4 octobre 2013

Avocats dans la misère et chômeurs atteints d'Alzheimer : elle est fraîche, mon actu, elle est fraîche !


La justice, c'est vous qui y croyez,
c'est nous qui en vivons.
Honoré Daumier, deux avocats.

 Avocats au RSA, justice dans le caca - Afin de défendre une justice égale pour tous, le syndicat des avocats (déjà, moi, un syndicat des avocats, ça me fait rire, mais il faut le reconnaître, j'ai mauvais esprit à la base), le... pouf pouf ! syndicat des avocats donc, s'indigne haut et fort. Voilà-t-il pas qu'on veut les dépouiller tout debout, leur ôter le pain de la bouche, les réduire à la mendicité pour tout dire ? Est-ce que vous vous rendez compte qu'il est question de diminuer les honoraires alloués aux avocats commis d'office ! Vous ne vous en étiez sans doute pas rendu compte, mais en France, la justice est la même pour tous et chaque citoyen bénéficie des mêmes armes pour obtenir justice. Tout cela grâce, notamment, aux avocats, dont la principale préoccupation est, bien entendu, que la justice soit juste, loin de triviales préoccupations mercantiles voire pognonesques. Il faut donc maintenir leurs revenus, c'est le prix à payer, les pauvres !
Le jeune homme qui est venu plaider cette intéressante vision de la chose au journal de France 3 pouffait d'aise d'avoir réussi à placer l'expression « Justice à deux vitesses ». Il avait sans doute fait un pari avec un pote. Ils sont sans doute en train de boire un coup pour arroser ça.
 
Inversion de la courbe du chômage - Enquête rapide auprès d'une personne de mon entourage, concernée comme moi par le pointage mensuel : on ne reçoit ni l'une ni l'autre de SMS pour nous rappeler que nous devons pointer en fin de mois pour toucher nos indemnités. C'est qui, ces gens à qui il faut rappeler qu'ils doivent pointer ? Des gens qui sont arrivés en fin de droit, qui oublient d'actualiser leur situation parce qu'ils ne touchent pas ou plus d'indemnités ? J'ai vu passer un appel à témoin d'un journaliste (« vous êtes à la recherche d'un emploi mais vous n'êtes plus inscrit à Pôle Emploi, contactez-nous pour nous raconter tout ça »), peut-être qu'on aura des nouvelles dans quelque temps ?
 
La politique, c'est pas bien simple  - Je n'ai pas regardé le débat sur la suppression de quelques unités militaires. J'ai préféré éteindre le poste : M. Bompard, maire d'Orange, supporte difficilement la contradiction, autant le laisser s'exprimer tout son saoul et tout seul. J'ai un peu du mal à comprendre que les débats soient tous plus ou moins confisqués par le Front national en ce moment. C'est le seul parti d'opposition ou bien ? Ils sont compliqués, ces politiques : Marine Le Pen ne veut plus qu'on dise que le FN est d'extrême droite, tandis que Hollande jure sur tous les tons qu'il est socialiste...

mardi 1 octobre 2013

La télé, c'est mauvais, il ne faut pas en abuser !

Deux séries - Under the Dome (King au scénario, Spielberg à la production), j'avoue que j'abordais ça avec un peu de recul (j'ai lu longtemps les histoires horrifiques à lire toutes fenêtres fermées et avec un bon générateur sous la main présentées par Hitchcock, je ne crache pas sur un petit Poe ou un Ranpo Endogawa, mais le gore brutal me fout vraiment les jetons, c'est pour ça que j'ai vite du mal avec les polars à base de serial killers ou autres vrais gros tapés, mon truc c'est plutôt Maigret et ce genre-là, voyez), bref, j'étais largement sceptique, et puis on se laisse prendre par l'histoire, même si franchement, le héros blond est tout sauf sexy et si parfois le scénario est un peu du genre accumulatif...
 
Fais pas ci, fais pas ça : enfin une série française qui déchire, c'est vraiment marrant, intelligent, les acteurs sont excellents, ça donne des idées de reconversion assez perchées même si elles impliquent de supprimer définitivement les escaliers...
 
Actualité potagère - Bon, sinon, je suis rien contente, j'ai un beau potiron dans mon jardin (sur l'air de Strawberry Fields Forever) !
 
 
 
 
 
 

vendredi 27 septembre 2013

Arbeit Macht Frei

Le travail rend libre

J'ai un mal fou 
à me retenir
de descendre défiler 
dans la rue 
pour demander 
à travailler 
pour 6 € 
de l'heure
le jour la nuit
tout le temps

lundi 9 septembre 2013

De la nécessité du discours corporate

Je suis tombée là-dessus, lors de ma pause de midi.

On pourrait croire que c'est caricatural, mais même pas.

On pourrait bien sûr se poser des questions sur l'utilité de ces discours de motivation soi-disant destinés à soulever l'enthousiasme des employés et à leur communiquer les valeurs de leur entreprise, la fameuse communication interne.

C'est vrai ça, si ta vraie valeur dans la vie, c'est de faire un max de pognon, pourquoi t'en cacher, pourquoi te chercher des alibis ? On est dans un monde qui valorise ce type de comportement, on aime les winners blindés qui portent des Rolex, alors, pourquoi dissimuler sous des discours oiseux que ton moteur et ton credo, c'est le pognon ?

Je subodore que le séminaire (non rémunéré, ça va de soi) en question s'adresse à de futurs mickeys et à de futures blanches-neiges en intérim et que leur salaire sera plutôt maigrelet (pour faire du pognon, il vaut mieux sous-payer le plus de monde possible, sinon on ne s'en sortirait pas, c'est logique).

Pourquoi en outre leur refourguer la bouillie corporate maison ? Pourquoi ça pose tant de problèmes de dire ce qui est ? Ça ruinerait quels sacro-saints principes de dire les choses comme elles sont : « Alors voilà, vous êtes les perdants, vous avez le grand tort de vous retrouver dans le troupeau toujours plus fourni qui alimente la main-d’œuvre corvéable à merci et interchangeable dont notre entreprise a besoin pour fonctionner à moindre coût (toujours dans l'optique de gagner un max de pognon). Et encore, vous avez la chance de pouvoir trimer comme des mongoliens dans un boulot imbécile pour un salaire de merde, parce que, ne l'oubliez pas, il n'y a pas de la place pour tout le monde. Il est de votre intérêt de ne pas mollir et de rester productifs et rentables au maximum. On ne vous donnera pas plus d'argent pour autant, mais ça vous évitera de tester vos capacités de survie en mode RSA. » 

Ouais...

Bon, en même temps, il faut reconnaître que présenté comme ça...

mercredi 4 septembre 2013

Shameless version US

Ce soir, sur Numéro 23, les 4 premiers épisodes de Shameless version US

Merci à Félicien et Clara de m'avoir fait découvrir cette série ! En plus, c'est en VM !

lundi 2 septembre 2013

Les traumatismes légers mais récurrents de la vie de tous les jours

Depuis le temps, je devrais bien sûr avoir adopté un look punk, je me raserais la tête et je n'aurais pas à m'infliger le traumatisme du coiffeur. Sauf que je n'ai jamais été d'aucune école ni d'aucun mouvement, jamais supporté les total looks ni les prêts à penser quels qu'ils soient. 
Surtout parce que je manque de concentration, il faut bien l'avouer. 

Et donc, régulièrement, quand mon système capillaire déborde et s'ensauvage, je me rends chez le coiffeur afin qu'il me redonne tête humaine. 

Avant, je ressemble assez à ça : 


Un mélange des deux, Cousin Itt pour les poils sur la tête et Lurch pour le côté hilarant et avenant.

J'ai des gènes comme tout le monde et les miens m'ont collé une tignasse abondante et impossible à mater. Je ne me plains pas, avant que ma personnalité hirsute et capillaire ne s'affirme totalement, j'ai longtemps été affligée du syndrome longs cheveux filasses et mous. Chacun sa +. 

Le passage obligé chez le coiffeur a longtemps représenté pour moi un moment douloureux. C'est plein de lumières, de glaces, d'onguents et de pommades, ça sent bizarre, les gens ont l'air de vivre dans un monde un peu parallèle. 

Je crois que j'ai tout testé, sans rire. Lors de cette longue quête, j'ai croisé :
  • le coiffeur menaçant qui évalue votre tignasse en faisant claquer ses ciseaux et qui esquisse une moue dubitative (j'aurais dû m'enfuir en courant, il m'a fait une coupe au bol)

  • la coiffeuse blonde hyper lookée, absolument persuadée que votre rêve secret est de lui ressembler et qui s'acharne à vous transformer en clone (la coiffeuse de mon ancien quartier, elle a repris le salon de son ancien patron, qui était charmant, j'ai continué à fréquenter le salon un moment, on est souvent victime de ses habitudes)

  • le pote coiffeur en fin de soirée. Tout le monde a vraiment beaucoup bu, lui compris. C'est le seul qui est armé de ciseaux. Le lendemain, vous vous précipitez chez un coiffeur proche de votre boulot pour réparer les dégâts. Il faut couper très très court

  • les salons très chers et un peu intimidants (j'avais fini par me dire que tant qu'à faire, mon écureuil sur la tête nécessitait des soins particuliers et donc chers) dans lesquels les employés ont une vie passionnante qu'elles commentent pendant que vous roulez des yeux de vache affolée au fond de votre fauteuil. Je suis ressortie avec une permanente et le portefeuille étique

  • la coiffeuse volubile et certainement formée à l'hypnose qui m'a conseillé un massage relaxant que je ne me suis pas senti la force de refuser. Ses doigts grouillants comme des vers ont palpé et repalpé mon cuir chevelu pendant d'interminables minutes. Un véritable supplice qu'on ne m'a jamais proposé à nouveau depuis, heureusement

  • la coiffeuse drapée dans une large blouse noire qui lit votre avenir dans vos pellicules en battant des ailes façon chauve-souris

  • la coiffeuse qui n'a pas révisé ses classiques depuis un certain temps et dont le salon arbore des posters de mannequins à cheveux bouffants style feuilleton américain des 80's. Elle passe une main dégoûtée dans vos cheveux avant de vous annoncer doctement que vous avez une base idéale pour faire des mèches. Comme elle est aussi visagiste, elle prétend revoir votre style de fond en comble. Elle a une coupe de merde et ses lunettes ne l'avantagent pas vraiment, alors vous prétendez que vous allez réfléchir à la question avant d'opter pour une coupe toute simple. Elle vous massacre en détaillant les nombreux soins que vous auriez intérêt à lui acheter pour venir à bout des multiples problèmes que pose votre scalp. Ça dure des heures, elle vous submerge de conseils dont vous retirez que globalement vous avez bien du courage de sortir de chez vous avec la tête que vous avez. Vous considérez comme une victoire de quitter son salon avec juste un shampooing antipelliculaire. Vos cheveux repoussent n'importe comment. Vous faites les cornes en direction de la vitrine (jamais nettoyée) de son salon chaque fois que vous passez devant. Vous vouez aux gémonies (car vous avez des lettres) la personne qui vous a recommandé cette adresse de merde
  • le coiffeur aimable, qui connaît son métier, cultivé et charmant (deux fois et deux fois ils sont partis, ces salopiots !)
Pour finir, je fréquente un salon de quartier aux tarifs abordables, dans lequel personne ne me demande de devenir quelqu'un d'autre, qui propose des livres de recettes pour faire patienter (si, si) et dans lequel une chatte flegmatique fait la loi.



jeudi 29 août 2013

Tempus fugit, etc.

Un indice certain que l'on vieillit, si même on n'est pas déjà vieux : on reçoit dans sa boîte aux lettres, à son nom personnel, un extrait de la revue Que Choisir, 24 pages destinées à nous donner envie de dépenser des sous pour rentrer dans notre nouvelle famille, pleine de gens raisonnables et sensés : les consommateurs avertis et malins.

On a désormais sa place dans les fichiers de vieux consommateurs à qui on ne la fait pas, qui ne craqueront plus pour des produits poudre aux yeux ou des conneries futiles et inutiles. 

On est plein de la grande expérience de l'âge et de la résistance quotidienne à ses pulsions consommatrices : on achète solide, fiable, sûr, un peu emmerdant mais durable. On est donc prêt à la lecture roborative de magazines qui comparent les performances des aspirateurs et se demandent si des fois utiliser du plastique ne serait pas nocif pour notre santé (plus on vieillit, plus on est regardant sur ce qui pourrait mettre en péril les abattis qu'on a réussi à préserver des excès de sa jeunesse). 

Ah ! Manger des endives bouillies à l'eau filtrée, en feuilletant, les sourcils sagaces et l’œil affûté, 60 millions de consommateurs ou Que Choisir !
 

C'est tout, vous pouvez fumer, mais êtes-vous sûr(e) que c'est bien bon pour votre santé, ces vices que vous cultivez ?

mardi 27 août 2013

Carrefour de Buci

Pas mal marché, on cherche une terrasse pour prendre un verre et fumer une cigarette avant de repartir. Terrasse avec sièges jaunes et rouges, à l'ancienne, pas mal de place. On s'installe en déplaçant un peu tables et chaises, les tables pèsent un âne mort, c'est sympa l'ancien, quoiqu'assez peu transportable. Le serveur s'amène et esquisse un sourire à l'énoncé de la commande : un café (pour moi) et un coca (pour la gamine, qui ne boit que des sodas et des jus de fruits, vous étiez pareils à son âge, avouez).
 
Le serveur revient avec notre commande et la gamine pousse un cri d'horreur : 6 euros le coca. Le café plafonne à 2,80 euros. On comprend mieux le sourire fin du serveur. A ce prix-là, on va la savourer, notre pause. Et surtout surtout, bien enregistrer cette donnée essentielle : ne jamais plus au grand jamais retenter l'expérience. On avait oublié cette vérité essentielle : prendre un verre en terrasse à Paris relève d'un luxe inouï.
 
Un peu dégoûtées quand même, on s'apprête à savourer comme il se doit les breuvages olympiens et quasiment mythiques que le serveur a déposés devant nous. Mais le blaireau qui attendait un auditoire se déclenche.

Vous connaissez le phénomène : vous vous attablez quelque part et le blaireau de la table d'à côté, dont le but dans la vie est de prouver à la Terre entière qu'il est un astre parmi les astres, monte le son et vous fait partager sa vie passionnante. La personne qui l'accompagne est en général un accessoire plaisant dans le cirque qui se met en place.
 
Le monsieur, la cinquantaine, cheveux gris, écharpe grise et look germanopratin (un subtil mélange de lin et de matières nobles, donc) nous fait face. Sa copine, tailleur blanc et cheveux très soignés, nous tourne le dos. Impossible d'échapper au déluge sonore, accompagné des rires cristallins de la dame en tailleur blanc :
 
« Oh, tu sais, Alexandre, il se débrouille très bien. Il est en train de boucler sa licence à Penninghen (école d'art très payante et très cotée dans le monde du graphisme). On croit qu'il ne fait rien, mais il gère. Je lui ai prêté 800 euros parce qu'il voulait prendre des photos de ses copains sur des plaques de plexi. Il a déjà réussi à en tirer 1 500 euros. Ce n'est pas pour autant qu'il va me rembourser, mais bon, je suis son père, après tout... Tu vois qu'il s'en tire mieux que ce qu'on pouvait craindre... »
 
Comme on s'en fout un peu de la vie fastueuse du talentueux Alexandre et malgré notre plaisir de savoir que les étudiants ne connaissent pas tous la crise, mal remises du choc de l'addition faramineuse, nous quittons plus rapidement que prévu l'exorbitante terrasse, soulagées malgré tout : les écoles d'art françaises sont en pleine renaissance.
 
 

mercredi 14 août 2013

Monsieur le président, je vous fais une lettre que vous lirez peut-être, si vous avez le temps...

M. François Hollande
Président de la République
Palais de l’Élysée
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris



Monsieur le président de la République,

J’ai envoyé deux fois un courrier à Mme Marisol Touraine, notre ministre de la Santé, pour lui faire part de mon étonnement quant à la non-prise en charge des soins de parodontie par la Sécurité sociale, surtout s’il l’on considère le coût exorbitant de ces soins.

Ces courriers n’ont jamais reçu de réponse.

Je me doute que le contexte, la conjoncture et le chaos mondial  sont des sujets bien plus importants que ces petites incongruités du quotidien.

Je tiens tout de même à vous faire part de ma profonde consternation devant ce silence que d’aucuns pourraient interpréter comme le refus méprisant d’une élite grassement payée par nos impôts pour ne pas tenir compte des problèmes auxquels sont confrontés les habitants du pays qu’elle gouverne.

Je ne pense pas que mon courrier était de nature à changer la face du monde, mais il faisait état d’une incohérence dans le système de santé, lequel vous n’êtes pas sans le savoir, estime que les lunettes et les soins dentaires sont du luxe et sont donc remboursés, quand ils le sont, avec un lance-pierres. Quant à la parodontie, hé bien !, ce n’est même pas pris en charge, après tout, tant que vous avez des dents, qu’importent les gencives !

J’aurais vraiment apprécié une réponse, même sous la forme d’une lettre-type savamment lénifiante.

Il fut un temps où des personnes, dans les cabinets ministériels, étaient chargées de répondre n’importe quoi aux courriers des électeurs, ça ne mangeait pas de pain, tout le monde était content.

Ces temps ne sont plus, hélas ! alors que les chômeurs et précaires disposent de plein de temps, quand ils ne sont pas au fond de leur lit à broyer du noir, pour rédiger des courriers qui restent lettre morte.

Je vous souhaite une très bonne journée et vous prie d’agréer, Monsieur le président de la République, mes salutations.

Les petits trucs qui simplifient la vie






Picsou dévoile 
enfin les clés 
de son succès 
(clic!)

mardi 13 août 2013

Gratitude de la gratuité

Ce matin, je me lève, j'empoigne ma paire de lunettes, les bigleux me comprendront, c'est vraiment le premier truc qu'on fait dès qu'on émerge, sauf si c'est juste pour aller faire pipi, là on s'en fout, normalement on a repéré les lieux, on peut aller jusqu'aux toilettes même avec la tronche un peu en biais sans lunettes, mais sinon, dès qu'on aborde les choses sérieuses, on chausse les verres. 
Ce matin, donc, souffrance ! moments pénibles ! la branche de mes lunettes me reste dans les mains, putain merde bordel fait chier ! 
J'ai une paire spéciale lecture, mais comme je suis miro de près et de loin, c'est moyen pour la vie de tous les jours, mais bon, c'est mieux que rien. Je fais donc avec. Bien décidée à tomber chez mon opticien du coin dès que ça sera jouable, c'est-à-dire aux alentours de dix heures pétantes. Je glande un peu (ma mission d'intérim s'est terminée vendredi, les patrons m'ont même offert un cadeau ! UN CADEAU !), je prépare mes affaires et je m'en vas chausser mes lunettes de soleil pour protéger mes fragiles yeux bleus de l'intense soleil, et souffrance ! moments pénibles bis ! la branche me reste dans les mains. Pas moyen de retrouver la minuscule vis qui vient de ripper et se cache certainement dans un coin quelque part. Je renonce à chercher, j'ai le sens de mes limites et par exemple, la patience n'est pas mon fort, enfin ça dépend pour quoi. Je cherche un coupable, n'en trouve pas, m'apprête à faire tomber des têtes, n'en trouve pas. Je me démerde avec ce que j'ai sous la main, récupère une vieille paire de Ray Ban (cadeau d'un amoureux de dans le temps, vintage, lourdes, pas à ma vue, ça va donner, le trajet jusque chez l'opticien en mode taupe). Je décide d'y aller à pied, ça fera quand même des accidents de vélo en moins.
L'opticien est en vacances et c'est son droit. Alors, je tente le tout pour le tout, j'enfourche mon vélo et je me rends à 2 à l'heure chez un opticien que je ne connais pas du tout, hors de mon quartier. Là, un jeune homme charmant recolle ma monture de lunettes de vue, me donne une vis et revisse ma paire de lunettes de soleil. 
Et tout ça pour pas un fifrelin, hosanna au plus haut des cieux ! J'ai dit mille mercis aux jeune homme et retrouvé la vue, miracle miracle !
Comme je me sentais en veine, j'ai renfourché mon vélo, ivre de tous mes yeux revenus à la vue, et suis passée dans la boutique qui m'avait vendu une ceinture en cuir qui devrait me faire toute ma vie pour leur demander de rajouter un trou dans ladite ceinture et rebingo ! gratos ! 
Après, ça a dérapé sévère quand j'ai essayé de me tirer de chez le bouquiniste sans payer les bouquins que je venais de choisir dans les rayons.
Marrant, tiens, au passage : Tonino Benacquista était classé dans la littérature étrangère. J'ai pas moufté, mais je suis bien sûre tout de même que malgré son nom de rastaquouère, il est français, le Tonino.
Les embrouilles avec Pôle Emploi sont enfin terminées : je me demande si je ne vais pas jouer au Loto, moi !

mardi 6 août 2013

Peux pas m'en empêcher, faut que je critique...


M'enfin, quand même, 
c'est râlant, 
toutes ces jolies jeunes filles trébuchantes 
qui sont en train de se préparer 
des maladies de chevilles 
pour la plus grande fortune future 
des médecins de la cheville !

◄ Force est de constater qu'équanimité et blairitude ne font pas bon ménage ‼

Il a fallu que je sacrifie encore une fois ma pause déjeuner pour retourner voir mes amis de Pôle Emploi, parce que mon compte bancaire criait famine.
Épisodes précédents : postage à deux reprises de photocopie de feuille de paie, déposage du même document à un guichet et rien nada ballepeau bernique et silence glacial.
Je me pointe donc à nouveau dans les locaux de Pôle Emploi, un peu énervée, il faut le dire, on est le 5, j'aime rire mais il y a tout de même des limites. La jeune fille qui me reçoit dans un premier temps commence  par me dire que je n'ai sans doute pas déposé le document et je l'arrête tout de suite, j'aime rire mais il y a tout de même des limites.
Le connaud se pointe alors et m'aboie « Bonjour ! » à la face, façon de me faire remarquer mon incroyable impolitesse. Il sortait juste d'un bureau dans lequel il venait de mal parler à une dame, on le sentait remonté comme un coucou et bien décidé à bouffer du chômiste pour son déjeuner.
Comme ça fait un moment qu'il me court sur le haricot, que cette histoire de feuille de paie fantôme commence elle aussi à avoir des effets néfastes sur mon habituelle et légendaire équanimité, je lui rétorque un peu froidement que je ne crois pas qu'il va me donner des leçons de politesse. Il répond l'insolent qu'il a plein de choses à m'apprendre avec une bonne tête à claques. Comme il est prétentieux, qu'il brasse de l'air et fait l'important pour pas grand-chose, il ajoute qu'il faut renvoyer le document pour que mon dossier soit traité, tout cela assorti d'une grimace qui signifie clairement que s'il peut aggraver les choses, il le fera avec la plus grande malveillance.
« Vous n'allez pas saloper mon dossier parce que je vous ai indiqué que vous n'aviez pas à m'apprendre la politesse, j'espère ? », je fais, soupçonneuse (ascendant lémurien, certes, j'aime rire, certes, mais il y a tout de même des limites)
« Si vous réagissez comme ça à chaque fois qu'on vous dit bonjour... » Il a osé m'appeler « la petite dame » sur un ton goguenard la dernière fois que je suis venue, je tourne les talons dès que je le vois normalement tellement il se permet de parler aux personnes qui ont le malheur de fréquenter les locaux de Pôle Emploi d'une façon brutale, incorrecte, tout cela sans jamais faire son travail, qui est tout de même de renseigner les gens, il est donc très bien placé pour donner des leçons de politesse, ce malotru mal embouché.
« Premièrement, vous allez me donner votre nom, parce que là, ça commence à bien faire, vous n'avez pas à parler aux gens comme ça, c'est inadmissible ! » L'option appelez-moi le directeur, finalement, il faut oser de temps en temps, même si on se sent un peu merdeux depuis qu'une célèbre (?) série de comiqueries l'a galvaudée et ridiculisée.
Il fait un peu moins le faraud et me donne son nom de famille, que je note soigneusement et il continue à me chercher des noises. Je finis par quitter l'agence hors de moi en lui hurlant que je ne viens pas à Pôle Emploi pour me faire chier sur la gueule par un blaireau.
Je sais. Mais il m'avait vraiment énervée et la verdeur du propos n'entache en rien le fond de la chose : merde bordel fait chier ça fait deux papelards que j'envoie, un que je dépose, deux fois que je viens, tout ça pour nibe et en plus, l'autre mongolien me tartit savamment.
Je sors de là furibarde et en surrégime, pour m'apercevoir au bout de la rue que c'est bien joli tout ça mais que mon problème n'est pas réglé, il faut que je revienne sur mes pas et que je demande koikès.
Ma fausse sortie a déclenché Super Blaireau qui est allé consulter mon dossier et braille comme un damné que c'est parce qu'il y a une erreur dans ma déclaration que le dossier n'est pas traité. Il aurait fait son boulot plus tôt (la dernière fois que je suis venue, il y a une semaine, par exemple), j'aurais déjà mes sous et il se serait évité de se faire traiter de ce qu'il est, soit dit en passant. Une dame que j'ai déjà vue et qui est spécialiste de l'indemnisation lui enjoint de quitter les lieux et m'indique qu'elle prend le relais. Il essaie bien, le féroce sycophante, de relancer le débat, mais j'indique à la dame que je refuse de m'adresser à lui et elle temporise.
Finalement, elle a réglé l'affaire en deux coups de cuiller à pot : il suffisait de consulter le dossier, ce qui permettait de constater que ma feuille de paie y était bien enregistrée (du coup, n'est-ce pas, ça n'aurait pas fait avancer beaucoup les scmilblick de la renvoyer...) et que c'était parce que j'avais déclaré trop d'heures que la Machine refusait de fonctionner correctement...
Lorsque je suis sortie du bureau de la dame après l'avoir chaleureusement remerciée d'avoir enfin traité tout ça, un jeune type a soufflé d'un air excédé sur mon passage  et ça voulait sans doute dire : « Celle-là, elle tape des scandales et puis après elle prend plein de temps pour régler ses petites affaires pendant que je suis obligé d'attendre, elle pourrait pas faire comme tout le monde et dire oui à tout, ça irait plus vite, tout de même ? » mais j'ai fait comme si je n'avais rien entendu, j'avais eu mon compte et la dame venait de m'assurer en me le montrant sur son écran que des sous n'allaient pas tarder à trébucher et sonner dans mon escarcelle, et ça suffisait à mon bonheur dans l'immédiat. Mais je vais quand même le dire, parce que ça soulage :
« Content pas content, c'est pareil, et je t'emmerde, Ducon ! »

On ne dira jamais assez les vertus de l'expression colorée, qui subit ces temps-ci les assauts concomitants du politiquement correct et du peigne-zizi.
Je crois que je vais écouter un peu de musique et puis lire des choses écrites sans gros mots et avec plein de coussins et des tas de gens que ne dérangent pas les petites atrocités mesquines de l'emmer...
de l'harassante vie de tous les jours, moi...
C'est tout. Vous pouvez fumer.

vendredi 2 août 2013

Internet mon amour

Yeaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! - La première fois que j'ai entendu parler d'Internet, c'était par un Belge, l'éditeur du journal féminin pour lequel je faisais la secrétaire, il y a de ça, de loooooooooooooongues années.

Il m'a rapidement expliqué le truc, on devait être en 1987, et ça paraissait de la science fiction, mais ça m'a tout de suite bien plu. 

J'étais limite autiste à l'époque et à l'idée de pouvoir communiquer par ordinateur avec des gens du monde entier, d'avoir accès à des milliers de données (on ne parlait pas encore comme ça à l'époque), de pouvoir consulter à mon gré des millions de livres dans toutes les bibliothèques, bref, le rêve d'Internet, j'ai bondi de joie.

Mes rapports avec l'ordinateur étaient à l'époque très sommaires, il faut savoir qu'on utilisait encore le DOS et j'avais la chance que mes employeurs aient investi dans un intégrateur graphique qui faisait apparaître dossiers et documents sous forme d'icônes sur une espèce de bureau (bien avant Windows et OS Mac).
J'avais envie de comprendre comment ça marchait tout ça, pas d'ordinateur chez moi, comme la plupart des gens, déjà eu l'occasion de tripoter un Minitel.

Comme mes collègues journalistes ne mettaient pas leurs pattes sur l'unique ordinateur (à l'époque, ils écrivaient encore à la main et je me souviens que l'une d'elles avait même un Mont Blanc fort chic, pouf ! pouf !), j'ai découvert ce nouvel univers toute seule, parfois aidée par le fameux éditeur, qui m'avait indiqué tous les manuels utilisateur dans lesquels je pouvais piocher.

On est vite devenus assez potes, mon ordinateur et moi. L'éditeur en question me foutait une paix royale, il avait compris que je préférais galérer toute seule dans mon coin pour trouver les fonctions dont j'avais besoin et que j'étais parfaitement capable de poser une question quand je n'y arrivais pas, le rêve pédagogique pour moi. Depuis, j'ai eu affaire à la PAO, au SGML, au POD,  j'ai tâté du Mac et du PC, vu exploser pas mal de bombes sur mon écran, acquis un ordinateur (PC) et pas mal tripoté de souris.

Tout ça pour dire que cet univers reste pour moi un espace ludik et que j'adore Internet.

J'espère que ça va durer : je suis en train de me renseigner à droite à gauche pour publier mon premier livre numérique, ras-le-bol d'écrire pour mes tiroirs, d'envoyer mes manuscrits à des éditeurs qui ne prennent pas la peine de répondre, me chourent les timbres qu'ils me demandent d'envoyer pour que je puisse récupérer mon manuscrit (!!), je me lance !


jeudi 1 août 2013

La belle vie

GRRRR ! - Pôle Emploi-La Poste, c'est pas la grosse connectivité : j'ai posté DEUX fois la photocopie de ma feuille de paie du mois dernier, et j'ai fini par recevoir un courrier énervé de Pôle Emploi comme quoi j'étais vraiment trop naze de pas leur envoyer la photocopie de ma feuille de paie et que ça allait les obliger à sévir au niveau de mon portefeuille. Je me suis donc déplacée un midi au bureau de Pôle Emploi et j'ai demandé d'un air las comment il fallait que je fasse pour leur faire parvenir ma feuille de paie (normalement, ils refusent qu'on les dépose dans leurs bureaux, vu que c'est une usine à gaz et que tout est centralisé ailleurs très très loin). Il y avait le connaud butor à rouflaquettes, normalement dès que je le vois je tourne les talons, mais là pas le choix, j'avais juste le temps de déposer mon papir et puis de manger avant de retourner travailler. Heureusement il y avait un de ses collègues, qui était moins bouché à l'émeri que lui, qui a bien voulu me faire une photocopie de ma photocopie avec la date du jour et un tampon pour justifier que j'avais bien déposé le justificatif, parce que le connaud, fidèle à ses convictions (je suis venu sur Terre pour emmerder les chômeurs et je remplis ma mission avec toute la connerie dont je dispose, et c'est pas peu dire), refusais de m'accuser réception de mon dépôt en mains propres (tu postes deux fois un papir, il n'arrive pas, tu finis par développer une défiance qui confine à la parano).

YUMMY ! - J'ai un boulot bien peinard en ce moment, ça me change et ça me repose : je suis concierge dans une société qui loue des bureaux et des espaces de stockage aux entreprises : je réceptionne le courrier le matin, je distribue le courrier dans les boîtes aux lettres (ça me prend bien 10 minutes), je réponds au téléphone (trois appels par jour, grand max), j'affranchis le courrier et je le dépose à La Poste le soir. J'ai aussi des réexpéditions à gérer deux fois par semaine. Je suis seule la plupart du temps. J'ai parfois l'impression d'être payée le SMIC pour bosser mon concours et écrire, ça ne va pas durer toute la vie, encore une grosse semaine, mais j'en profite à fond ! J'ai parfois l'impression d'être une étudiante, ça rajeunit drôlement et c'est moins flippant qu'une piqûre de Botox !
La préparation du concours m'amène à me documenter sur plein de sujets passionnants, du coup je bosse avec plaisir : le numérique et le livre et comment tout ça va bien finir par s'articuler et cohabiter, les nouveaux enjeux autour de l'information et du savoir, bref, un bon gros bonheur que je déguste et savoure. En plus, je me suis acheté pour pas cher une belle paire de sandales bien agréables pour marcher : la belle vie, quoi !